Gestion des déchets

Comment gérer les déchets nucléaire qui sont déjà produits ?

déchet nucléaires

Que faire des déchets nucléaires ?


Un choix si important exige une évaluation indépendante !
La NAGRA (organisme missionné par la Confédération) préconise leNord des Lägern entre la ville de Zürich et la frontière allemande pour héberger un entrepôt profond de plusieurs centaines de mètres destiné aux déchets radioactifs suisses. La solution d’un dépôt profond et sa localisation sont issues d’une délibération partiale. Voici les raisons pour lesquelles une nouvelle évaluation doit s’imposer aux autorités fédérales comme seule procédure acceptable par la population et par les experts.
La loi prévoit que nos déchets radioactifs soient entreposés en Suisse, hermétiquement séparés de l’environnement pendant un million d’années, puisque leur relâchement dans l’environnement aurait des conséquences inacceptables à l’échelle de la région d’entreposage. Pour répondre à ce défi, les producteurs d’électricité nucléaire2 et la Confédération ont créé en 1972 une institution technique, la NAGRA. Son projet final est de construire un vaste dépôt en profondeur, le choix de localisation proposée sera rendu public courant septembre.

Gouvernance de complaisance
Le directoire de la NAGRA est constitué des principales entreprises exploitantes des centrales nucléaires du pays au lieu d’une commission de personnes indépendantes de l’industrie. Cette gouvernance de complaisance engendre des choix satisfaisant les compagnies exploitantes mais rien n’indique qu’ils protègeront les générations à venir dont nous sommes collectivement responsables.

Absence de recul
Un stockage géologique souterrain est confronté à trois grands défis. 1. Le comportement de matériaux chimiquement et physiquement réactifs est imprévisible, surtout au cours des premiers siècles. 2. La probable infiltration d’eau dans un dépôt profond accélèrerait le relâchement de radioactivité dans les nappes phréatiques qui constitueront un bien de plus en plus précieux dans un contexte de climat réchauffé. 3. Les intrusions accidentelles par des tunneliers ou forages dans le site de stockage sont un risque croissant à mesure que les techniques et les coûts de forage se développent ainsi que les besoins en ressources fossiles, en réseaux de chaleur ou pour les transports.
Au vu de ces trois défis fondamentaux, des scientifiques de la branche dénoncent la précipitation du projet de solution finale : En France, le physicien nucléaire Bernard Laponche, ancien collaborateur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ; au Canada, le physicien Gordon Edwards, président de la Coalition canadienne pour la responsabilité nucléaire ; en Suisse, les géologues Marcos Buser et Walter Wildi (voir citations en exergue) craignent que les calendriers de réalisation soient une fois de plus irréalistes et que le programme de stockage géologique échoue à nouveau. On ne saura que dans un siècle si le type de roche dans laquelle la NAGRA entend stocker les déchets sera en mesure de combler les fissures créées par le percement du réseau de galeries pour réaliser le dépôt.

Pour une gouvernance responsable
Le défi posé par les déchets radioactifs concerne les contemporains mis en face des prochaines générations. Il ne doit plus être délégué à des techniciens répondant à l’industrie. Une solution transparente et démocratique existe. Les trente dernières années nous apportent l’expérience des processus citoyens d’évaluation non-biaisée des choix technologiques. Cette approche permet à des citoyens tirés au sort de choisir des expert-e-s et de leur poser des questions afin d’évaluer la situation au mieux du possible, de façon ouverte. Le processus d’évaluation aboutit à formuler un choix de solution transmis aux autorités politiques qui prendront la décision finale sur cette base.

L’engrenage du « Too big to fail »
Aujourd’hui, la Suisse est prise dans l’engrenage financier et institutionnel de l’enfouissement profond. Si les autorités fédérales adoptent la solution de l’industrie atomique et de sa NAGRA, la Suisse entrera dans l’engrenage des projets trop gros pour être abandonnés. Ce projet de chantier va alors se muer en politique du fait accompli. Ceci alors que le siècle passé a démontré le caractère exponentiel accompli par le progrès technique. Une solution de conditionnement plus performant ou toute autre solution que l’entreposage définitif profond – même la transmutation, aussi improbable que celle-ci apparaisse aujourd’hui – ne sera plus recherchée si l’entreposage profond est décidé.

Conclusion
La NAGRA n’est pas indépendante vis-à-vis des exploitants des centrales nucléaires puisque celles-ci font partie de son directoire. Or l’indépendance vis-à-vis d’intérêts particuliers est ce qui permettrait de choisir et d’assumer la solution la plus responsable envers les générations futures. En lançant une expertise citoyenne vraiment indépendante sur la question, la Confédération respectera le principe de responsabilité des bénéficiaires de l’ère nucléaire envers leur postérité. Sortir du nucléaire Suisse romande démarche les partis politiques représentés aux chambres fédérales dans ce sens.

Pour en savoir plus lire le blog des géologues  Walter wildi et Marcos Buser: https://www.nuclearwaste.info/blog/?lang=fr