22 Nov Un conseil fédéral à la dérive
Extrait de notre journal #116.
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Pour abolir l’arme atomique, une large majorité des Etats membres de l’ONU a dit «oui»! Oui pour mettre hors la loi internationale la possession ou l’hébergement d’armes nucléaires. La Suisse a hélas voté « non » avec les pays de l’OTAN et les détenteurs d’armes atomiques. Analyse d’une démission historique de la Suisse, que nous voulons rendre temporaire.
Arme de destruction massive par excellence, elle tue et mutile sans aucune discrimination : combattants, nouveau-nés, enfants et vieillards. Elle contamine les casernes militaires autant que les quartiers d’habitation, les pâturages et les champs. Les conventions de Genève s’appliquant contre les punitions collectives, pour la protection des non-combattants sont évidemment bafouées par la production, la détention ou l’hébergement de telles armes.
Une majorité s’est levée
Depuis sa création en 1979 à Genève, la Conférence du désarmement est censée aboutir à une abolition de ces armes, mais rien n’avance. Des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU ont souvent demandé à la Conférence d’avancer dans ses travaux. Sans succès. C’est pourquoi dans un de ces gestes historiques où une majorité silencieuse se lève pour mettre un terme à la mainmise d’une minorité dominante, l’AG de l’ONU s’est mobilisée elle- même en décembre 2016 votant par 113 voix contre 35 l’établissement d’un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). En juillet 2017, la forme finale du traité était soumise à l’AG à New York et approuvée par 122 pays, soit par une large majorité.
La Suisse avec les puissances nucléaires
Une fois passée son acceptation de principe, la Suisse officielle a changé de position en refusant de signer le TIAN, se rangeant ainsi du côté de la minorité des pays détenteurs de la bombe et des pays membres de l’OTAN. Des voix se sont élevées en Suisse dénonçant un atermoiement inacceptable de la Berne fédérale. Notamment celle du conseiller national genevois Carlo Sommaruga. Sa motion demandant au Conseil fédéral de signer le traité et de le présenter au parlement pour ratification a été adoptée notamment par une majorité de voix d’élus de droite comme de gauche.
« Signer et ratifier le Traité envoie un message clair. La Suisse peut et doit jouer un rôle actif dans la réalisation de cet objectif. » Peter Maurer, Président du CICR
Malgré la force contraignante de cette motion, le Conseil fédéral a encore confirmé sa position le 15 août dernier, invoquant une Suisse qui risquerait de perdre sa position… sous le parapluie nucléaire de l’OTAN. La position de M Cassis place ainsi la Suisse dans une alliance militaire datant de la guerre froide ! Dans un tweet fin-août, Robert Wood, ambassadeur des USA à la Conférence du désarmement a félicité la Suisse pour sa position. Les affaires étrangères du pays sont en pleine dérive. Des sources anonymes disent que l’embarras dans la Berne fédérale est grand.
Aidons Berne à corriger sa grave erreur
La section suisse d’ICAN est passée à l’action. ICAN, c’est la coalition internationale qui s’est dédiée à interdire l’arme atomique et qui a reçu le dernier Prix Nobel de la paix. Les trois bénévoles infatigables d’ICAN Suisse, Maya Brehm, Annette Willi et Mia Gandenberger savent à quel point la non-signature de la Suisse nuit au processus mondial d’adoption du TIAN. Leur objectif est que la Suisse respecte la motion parlementaire fédérale et signe sans tarder le TIAN. L’association abolitionniste a lancé une pétition en ce sens. Sortir du nucléaire s’est associé à la démarche avec l’objectif de récolter au moins 10’000 signatures. Nous avons déjà récolté des signatures lors des stands que nous avons tenus au Festival Alternatiba et au marché bio annuel de Saignelégier. Sans pression croissante, rien ne bougera. Nous comptons sur une participation large. Montrons à M. Cassis qu’il ne parle pas au nom de la population !
Philippe de Rougemont, Président de Sortir du nucléaire