Le solaire est-il rentable ?

Le solaire est-il rentable ?

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Mythe n°3 : Le solaire ne sera jamais rentable

Ce 3ème mythe est très vivace [voir les mythes 1 et 2]. Pendant très longtemps, le solaire n’a pas été rentable. On parle ici de rentabilité économique, liée au prix des composants, à leur durée de vie, aux tarifs de l’électricité, au cadre légal. Outre ces points, une chose n’a pas changé : l’énergie primaire, elle, est toujours gratuite.

Evolution des coûts d’installation

Le coût d’une installation comprend ceux des panneaux, onduleurs, composants électriques, frais de pose et de raccordement au réseau. Chaque élément change de prix de manière différente. Les cellules solaires constituaient historiquement le coût principal.
Or ce prix a été divisé par 10 en 15 ans, passant sous la barre des 50 ct/watt en 2014. Cette courbe va rester plongeante, les volumes produits étant en train d’exploser. Les onduleurs vivent aussi leur petite révolution : une transition s’effectue d’un onduleur unique et massif par installation à un micro-onduleur par panneau. Les coûts sont réduits et répartis dans le temps en cas de panne, laquelle ne met hors service qu’un seul panneau et non l’installation entière. La part des coûts la plus stable reste la main d’œuvre d’installation. Cette part reste assez incompressible, ce qui est réjouissant car ces installations représentent une source d’emplois correctement rémunérés et locaux.
L’équipement d’une maison individuelle (~24 m2, 4 kWp) est estimé entre 13’000 et 16’000 CHF, suivant les fournisseurs et les offres.

Prix de rachat
Le temps du solaire porté à bout de bras par les pouvoirs publics, avec un rachat à 30 ct le kWh, est révolu. Cela n’est plus nécessaire au vu des coûts bien plus faibles qu’auparavant. Selon les nouvelles conditions légales, ce type d’installation bénéficie d’une rétribution unique fédérale à hauteur de 3-4’000 CHF. L’investissement final est donc d’environ 10-12’000 CHF.
Le courant électrique produit par une maison individuelle est racheté à un prix variant très fortement d’un fournisseur de réseau à l’autre1. Il est actuellement de 10.2 ct/kWh à Lausanne, dans la moyenne nationale. Si une installation produit 4’000 kWh/an, en prenant une durée de vie de 30 ans, l’amortissement de l’installation revient à 400 CHF/an. La revente totale directe du courant rapporte alors 472 CHF/an. On est donc déjà dans le positif, financièrement parlant.

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L’autoconsommation est intéressante
Ce bilan peut encore s’améliorer si une partie du courant est autoconsommé, par exemple pendant la journée, par les appareils restant allumés. L’énergie tirée des panneaux représente alors une économie directe d’un achat de courant du secteur (~23 ct/ kWh – puisqu’incluant des taxes). Une autoconsommation de 25 % (possible sans batterie) représente 240 CHF d’économie par an.

Bilan financier
Si le reste de la production (75 %) est vendu et rapporte 350 CHF, on a donc presque 600 CHF de positif annuel pour 400 CHF d’amortissement. L’investissement de base est donc amorti au bout de 20 ans, après quoi l’installation est une source financière nette pour son propriétaire.
Cette durée d’amortissement peut être plus longue, par exemple si les tarifs de rachat baissent, ou plus courte, si l’autoconsommation est plus forte ou si le coût de l’installation baisse, ce qui est le cas chaque année.
Le législateur fédéral semble compter sur cette tendance puisque les programmes de soutien cesseront définitivement en 2030.

Benjamin Rudaz

1. vese.ch/fr/pvtarif-2

Photo : Elevage de pylônes électriques profitant du coucher de soleil. Xinjiang, Chine.