Solaire : gare aux mythes !

Solaire : gare aux mythes !

Article extrait du dernier journal de Sortir du nucléaire. Intéressé-e ? Abonnez-vous !

L’IPCC chiffre l’émission totale de CO2 du solaire photovoltaïque entre 25 et 60 g par kWh [1] en tenant compte de tout le cycle de vie. Cela place le solaire parmi les énergies les moins dommageables pour le climat. Les partisans des énergies fossiles et nucléaire ont plaisir à rabâcher certains chiffres et mythes sur leurs nouveaux concurrents que sont les énergies renouvelables, notamment le solaire. Nous aborderons ces mythes au travers d’une série d’articles afin de les exposer et rétablir une forme de vérité.

Mythe n°1 : les panneaux photovoltaïques sont toxiques et non recyclables

L’objet de ce premier article concerne la composition, la toxicité et la recyclabilité des panneaux photovoltaïques.

Les terres rares montrées du doigt
Il existe une multitude de technologies différentes pour capter l’énergie solaire et produire de l’énergie électrique. Certaines permettent d’atteindre des rendements élevés approchant les 50 % [2]. Ces types de cellules font usage de terres rares dans les cristaux de silicium. L’extraction et le raffinage de ces éléments est dommageable pour l’environnement et leur recyclage est souvent difficile. C’est l’argument très souvent utilisé pour ternir la réputation du solaire.

La question est en fait mal posée
Il est très simple de contrer cet argument : l’immense majorité des panneaux installés actuellement dans le monde n’appartient pas à cette catégorie. La plupart des panneaux a une composition plus simple : oxyde de silicium (cellule), argent (contacts), verre (vitre), aluminium (cadre). Ces panneaux ‘classiques’ ont certes un rendement de 16 à 20 % mais chacun de leurs composants est récupérable et recyclable. En Suisse, ils représentent 98 % des ventes [3].

La durée de vie : un critère important
Il faut toujours ramener les impacts environnementaux d’une technologie (extraction, raffinage, fabrication, transport, installation, recyclage) à sa durée de vie totale. Ces panneaux classiques ont une garantie fabricant de 25 à 30 ans mais leur durée de vie réelle pourrait bien aller jusqu’à 40 ans [4].

Enjeu global…
L’enjeu se situe donc sur la totalité de la vie d’un panneau et sur son utilisation. D’une part, si l’installation est bien dimensionnée (adaptée aux besoins réels du consommateur) et si la consommation d’énergie reste modérée alors la durée de vie du panneau sera optimale. D’autre part,
l’impact environnemental sera encore plus faible si le panneau est produit en Europe (moins de pollution due au transport).
Ensuite, un panneau de meilleure qualité aura une durée de vie plus longue et donc un impact final inférieur. Si le fabricant utilise lui-même du courant vert, le poids environnemental du panneau descendra encore.
Enfin, un recyclage efficace en bout de chaîne [5] permettra d’en valoriser les matériaux.

L’enjeu se situe sur la totalité de la vie d’un panneau et sur son utilisation.

…Mais réflexion locale !
Comme tout produit industriel, l’impact environnemental d’un panneau solaire photovoltaïque n’est pas nul. Il serait faux de prétendre le contraire. Des critères et questions complémentaires à la composition du produit sont à considérer. Produire le plus possible ou adapter sa consommation ? Acheter du matériel à bas prix ou des composants de qualité ? Courir après les performances pures ou miser sur une
technologie éprouvée ? Bien plus que la technique elle-même, ce sont nos choix qui déterminent l’impact final du solaire.
À nous de jouer !

Benjamin Rudaz

1 tinyurl.com/ipcc-co2-solaire
2 tinyurl.com/solaire-rendements
3 tinyurl.com/solaire-ventes-suisse
4 tinyurl.com/solaire-duree-vie
5 tinyurl.com/pvcycle-valorisation